Hervé Boissy

LES ARCHITECTURES VOLUBILES

Je n’ai jamais appris à dessiner

En novembre 1986, alors que je me trouvais dans un centre de post-cure dans le Bas Jura, pensionnaire et guéri de l’alcoolisme, je me suis mis machinalement, le soir dans la chambre où nous étions trois, à dessiner au stylo feutre sur des feuilles qu’en ce moment là j’avais à ma disposition ; je travaillais à l’atelier d’imprimerie du centre.
A mon retour, j’ai fêté en famille Noël et le nouvel An. Quelques jours après, m’étant aperçu que ma mère possédait des fiches bristol je lui demandai de m’en céder quelques unes. C’est avec ces petits formats que j’ai commencé à expérimenter des formes miniatures. C’était en janvier 87. Un peu plus tard, je donnais des titres à mes petites productions.
Durant cette année j’avais continué à dessiner, tâchant d’améliorer mon style, un style qui commençait à s’affirmer et à bourgeonner. J’achetai mon premier stylo à encre de Chine.
Il y eut ensuite une trou de plusieurs mois. 
Et puis dès octobre 88, renaissant à moi-même, je me remis à dessiner et ce fut la découverte du paysage. Mes titres étaient désormais plutôt inspirés par la Nature.
Et ainsi de tentatives en échecs et de rebonds en reprises, m’efforçant toujours à plus de beauté, j’ai évolué vers un style véritablement singulier.

Je ne suis pas un artiste et ne le serai jamais, mais j’ai compris qu’en m’adonnant à ce que considère comme un passe-temps, j’atteins une source intarissable d’idées fécondes et je côtoie quelque chose de très grand et qui me dépasse.

Hervé Boissy