Ma vie dans leurs yeux, par Isabelle Lamouret

Il y a tant de manières de raconter sa vie ! Une vie, c’est toujours intéressant. Si vous en doutez, songez —ne serait-ce qu’une poignée de secondes — à tous ces disparus, effacés par la guerre, la misère ou simplement l’oubli, qui, silencieux et invisibles réclament la justice d’un récit, d’une histoire, d’une mémoire. Donc Isabelle a voulu d’une certaine manière rendre justice à sa propre mémoire en racontant sa vie. Pas n’importe comment, mais en prenant à témoin les compagnons successifs de son histoire chahutée par la maladie, traversée de malheurs et parfois, Dieu merci, d’heureuses embellies. Ses compagnons de vie sont des animaux, des chats, des chiens, dont les yeux brillent la nuit et luisent de tendresse dans la clarté des jours. Sa vie, nous dit-elle, fait avec ses animaux un tout indissociable, un récit inextricablement mêlé. Son histoire, ajoutera-t-elle, c’est aussi, au-delà des combats contre la maladie, des amours et des chagrins, l’avènement d’une cause qui la bouleverse et la transcende, d’une insurrection de tout son être contre le mal que l’on fait aux animaux, d’une compassion absolue pour les êtres vivants (dont nous sommes, cela dit entre parenthèses).

Ce livre s’adresse à ceux-là, réputés incapables de faire du mal à une mouche qui n’ont pas encore eu l’occasion en s’attablant devant leur steak saignant, de remonter la chaîne qui va de l’étable à l’abattoir et de la vache en carcasse à leur assiette. Il s’adresse aussi à ceux qui se croient seuls à souffrir et, comme les animaux, à ne pouvoir le dire ; Isabelle les invite à entrer dans la ronde des êtres sensibles.

Bernard Weber

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